WHO CARES ?

Recherche accompagnée par L’L, Bruxelles
Lieu de recherche expérimentale en arts de la scène

  • Type: RECHERCHE - L'L 2016-2021

Guillaume BARIOU, recherche en solo.

TRACES DE RECHERCHE / LIEN

Je n’ai pas connu de catastrophe.

Individuelle, massive, privée, historique…

Pas de vrai drame. Aucun de ceux qui font dire aux gens «Ouh lalah, ça n’a pas du être facile ».

Il est fort probable que j’ai besoin des drames des autres pour me construire.

Les drames des autres me parlent.

C’est peut-être pour ça qu’un thème comme l’empathie m’intéresse. Je suis le rat qui, après avoir appris à appuyer sur un levier pour obtenir de la nourriture, arrête de s’alimenter quand il perçoit que son action est associée à la délivrance d’un choc électrique à un autre rat. Ou le poisson de David Foster Wallace qui prend conscience du monde autour de lui et qui se le répète comme un mantra : « This is water, this is water… »

Cette prise de conscience me pousse à chercher un nouveau positionnement. Car réfléchir sur la question de l’empathie, c’est se poser la question de l’identité. En tant qu’être humain impliqué dans des relations inter-subjectives, mais aussi en tant qu’artiste.

Guillaume Bariou

 

Note d’intention

D’abord avoir envie de parler de l’altruisme.

Parce qu’une amie proche, et néanmoins comédienne, vous parle d’une émission de radio sur les singes et sur le souci de l’autre. Et que cette amie finit par vous la faire écouter quelques mois plus tard.

Apprendre que les singes peuvent alerter les autres d’un danger avec des Hak et des Boom. Et des combinaisons de Hak et de Boom.

Et s’en foutre un peu.

Apprendre qu’un singe est capable de briser des noix, 196 pour être exact, pendant deux heures et donner 80% de son travail à un autre singe. Se dire que c’est beau.

Ne pas se satisfaire de textes existants.

Avoir envie de voir quelqu’un briser des noix pendant deux heures sur une scène pour quelqu’un d’autre et puis se dire, après, que quand même, peut-être, cela ne suffira pas. Et qu’il faut creuser d’abord. Qu’il faut casser quelques noix d’abord.

Et se dire que s’il y a du texte, il doit avoir l’urgence et la fulgurance qu’on trouve dans les textes de Sarah Kane. Mais si possible sans suicide à la fin. Ou en tout cas sans trop de morts. Parce qu’on veut bien parler de mort, mais si on parle aussi d’amour.Parce que c’est quand même l’amour qui nous pousse à embrasser les autres, à habiter leur corps et leur esprit. Ok, avec la mort en toile de fond quand même.

Et réaliser une radio fiction qui se donne à voir en même temps qu’elle se donne à entendre.

Et offrir des noix au public. Si c’est possible. Mais c’est sûrement possible.

Et puis repenser que s’il n’y a pas d’empathie, autant aller se battre dans des arènes de combats de chiens. A mains nues comme dans un roman mexicain.

Et penser que réalité et la fiction doivent se prendre dans les bras, comme dans un roman argentin.

Et travailler avec des gens qu’on aime. Pour que ce soit plus simple.

Et chanter ensemble.

Et se dire qu’il faut qu’on le fasse. Que c’est important.

Avant que les salauds nous poussent dans l’arène.

A vrai dire, c’est en train de devenir une urgence.

Hak boom boom.

PS : Et inutile de nous faire remarquer que 80% de 196 ça ne fait pas un compte rond. On se démerdera.

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THEATRE DE L’L

llrecherche.be

Créé en 1990 à Bruxelles, L’L a toujours soutenu la jeune création. Depuis janvier 2008, L’L n’est plus un lieu de représentations à part entière, mais exclusivement un lieu de recherche et d’accompagnement dédié aux jeunes artistes.

Depuis 2008, l’enjeu du projet de L’L est d’offrir un accompagnement, du temps de réflexion et des espaces de travail à de jeunes artistes (qui n’ont pas plus de deux créations à leur actif). Ceci, pour leur permettre de creuser des axes de recherche contemporains et singuliers, d’approfondir leurs connaissances et de renforcer leur langage propre.

Un tel protocole de recherche est stimulé par le développement de dialogues tangibles et réguliers, sur des questions artistiques et dramaturgiques, tout en veillant scrupuleusement à respecter l’intégrité des artistes en recherche.

Cette dialectique se traduit également par l’apport de formation et l’intervention ponctuelle (trois journées tout au plus) de « mentors », artistes plus expérimentés dans un domaine exploré et dont l’intervention consiste à tenter d’éclairer/ouvrir les questionnements en cours.

Enfin, grâce à L’L Fondation, les artistes sélectionnés pour intégrer ce protocole particulier bénéficient d’une bourse de recherche, venant soutenir leur démarche de « retrait » qu’implique un tel processus de recherche.

En défendant la recherche de cette manière, le souhait est de mettre en question les stratégies de fonctionnement des processus de création actuels, et proposer des possibilités d’exploration en toute liberté, sans obligation de résultat.